De la Loire à la ville connectée

La conférence Permanente Loire : les 10 ans

Le 24 mars 2025, j’ai assisté à la réunion publique de la Conférence Permanente Loire (CPL). J’y avais été invitée pour participer à la clôture et boucler la soirée avec la culture et le concours de nouvelles et poésies « La Loire dans tous ses états ».

https://dialoguecitoyen.metropole.nantes.fr/blog/la-cpl-fait-le-bilan-apres-10-annees-de-travail

Pendant 10 ans, des actions ont pu être mises en place et des engagements pris comme par exemple avec le collectif transport, le collectif patrimoine industriel et portuaire, l’association nautique.

Le format de la Conférence Permanente Loire n’est pas reconduit mais par contre, comme l’a précisé Anthony Descloziers, 2e vice-président de Nantes Métropole en charge de la Loire : « Ce n’est pas la fin de l’histoire, mais le début d’un nouveau chapitre, avec une nouvelle gouvernance »,

Concernant les ressources en eau potable et les usages autour du fleuve, il semble nécessaire d’adapter le développement de la ville en fonction de l’évolution de la Loire et pas l’inverse, comme cela a été fait depuis des décennies.

Peut-être un nouvel « âge du faire », comme l’a proposé un des membres de la CPL, avec participation citoyenne, des programmes pédagogiques dans les écoles, une gouvernance inclusive et la mission d’habitants sentinelle. Le risque est la gestion du temps dans ces méthodes.

En parallèle, la mise en place de l’identité juridique de la Loire est prometteuse.

réinventer la ville durable

Quelques jours après, cela faisait écho à une visio sur l’IA et la ville, « réinventer la ville durable », animée par le tout jeune collectif Rezé IA (https://lnkd.in/eeJFv3FM).

Barthélémy Lévêque 🎯, spécialiste de l’IA et de la smart city, expliquait les enjeux de l’IA pour la ville et donnait des exemples inspirants dans le monde pour le « vivre ensemble ».

A Barcelone, Singapour, Copenhague ou Bordeaux, l’IOT est au cœur de la ville intelligente. En analysant les datas, on peut réduire les coûts et mettre en place une gestion prédictive de la ville.

De la smart city avec des smart greeds et des acteurs français, c’est possible ! L’IA pour la ville, c’est très opérationnel. Les capteurs donnent des infos en temps réel. La démarche peut être participative, pour à la fois inclure les citoyens et accompagner les usages.

Les questions de la frugalité de l’IA, du choix de l’affichage des données, des services + des prestataires pour les collectivités, ces questions peuvent être débattues. Car la volonté politique affleure tout de suite de ces réflexions sur l’IA dans et pour la ville.

L’usage le plus impactant ? Les mobilités : c’est très concret, c’est du quotidien et faire gagner 20% de temps de trajet maison/bureau aller et retour, ça parle à tous !

Une belle immersion dans des exemples concrets de villes connectés pour le « bien vivre ensemble dans une ville durable », avec bien sûr des réflexions à poursuivre en fonction de la culture du pays et de la maturité numérique des citoyens ou des collectivités.

#intelligenceartificielle #IA #Nantesmetropole #democratielocale #numerique #Loire #climat

L’écologie du sensible

J’étais à la première journée des Université Citoyennes du Comité 21 Grand Ouest le 20 mars dernier à Ancenis.

Le thème était « l’écologie du sensible ». La journée a été inspirante, articulée autour de témoignages argumentés, d’expériences et d’émotions : un cocktail énergisant pour se (re)donner envie de s’engager et d’agir.

Sur la première table ronde « l’écologie du sensible facteur de mise en mouvement  » avec Vanessa Manceron anthropologue au CNRS, Stacy Algrain journaliste et conférencière, Pauline Lida Robert du collectif Minuit12 et Nicolas Roesch, designer chez ZoéPolis, les réflexions étaient en cohérence et les échanges fluides.

Je vous propose ici une synthèse des éléments engageants que j’ai pu retenir de la journée. Cette synthèse sera en 2 temps : épisode n° 1 sur le contexte et les enjeux, épisode n° 2 sur les freins et les actions possibles.

Voici les éléments de contexte, cités par les 4 intervenants (sans distinction de paternité ou maternité !) :

o   On parle aujourd’hui d’ »amnésie environnementale », liée d’un côté au glissement du point de références (ou l’oubli des expériences de la génération précédente) et d’un autre côté à la disparition de l’expérience de la nature.

o   Il faut faire comprendre notre interdépendance (avec les non-humains).

o   Il faudrait déconstruire notre autonomie biologique d’humain : nous sommes dépendants des microbiotes de notre corps.

o   Le savoir sur le terrain permet de nommer et de s’attacher à la vie, l’immersion permet l’attachement et permet de faire exister.

o   La veille et les témoignages permettent de rendre visible la 6è extinction.

o   S’inspirer de ceux qui remplacent la dépression par la lutte, s’inspirer aussi des « naturalistes des terres » qui permettent d’amorcer une action juridique pour la nature.

o   L’ »agentivité » dépend de l’engagement, intellectuel et moral. C’est très lié à l’expérience d’une autre vie que la vie humaine.

o   Les sciences naturelles ont été dénigrées, « trop féminin, trop inutile », et la conservation a été remplacée dans certains esprits par la réintégration (d’espèces éteintes).

o   La parole est un lien entre science et société.

o   L’art permet de se reconnecter avec le langage corporel au-delà des paroles.

Quelques phrases clefs qui permettent de poser le cadre de la réflexion. Très inspirant !s

Dans le prochain article, je vous donnerai quelques-unes des idées que les conférenciers ont avancées le 20 mars 2025 pour imaginer une mise en mouvement !

Comment imaginer s’adapter à +4 degrés

La conférence de Nathanaël Wallenhorst, organisée le mardi 4 février 2025 à l’IMT Atlantique – Nantes par le Collège des transitions écologiques et sociétales était éclairante.

« S’adapter à +4 degrés ? » (selon le scénario tendanciel du GIEC, c’est + 3 degrés en 2100 et donc +4 degrés en France)

Entre faits scientifiques et exemples parfois si simples, le philosophe et enseignant a sur interpeller tout le monde. Cette vulgarisation bienvenue se retrouve aussi dans la lecture de « Vortex » (co-écrit avec Laurent Testot aux éditions Payot-rivages)

A l’IMT mardi, 2 questions ont été posées à Nathanaël Wallenhorst :

1 : quelles sont les surprises si on est à +2 degrés en 2030 (dans 5 ans) ?

2 : quid de l’adaptation du monde à +3 degrés en 2100 ?

Voici quelques phrases qui m’ont bien accrochée :

** Toutes les disciplines scientifiques de l’étude de la vie parlent de rupture. Alors que le paradigme scolaire est linéaire.

** L’écart moyen est de +1.2 degrés en 50 ans.

** « C’est une affaire de mecs : l’un qui veut coloniser le Groenland pour les minerais et les terres rares ou l’autre qui veut annexer l’Ukraine pour ses greniers à blé. »

** Selon une étude en 2017 (suite à une thèse sur les changements d’extrêmes de température en Europe par Margot Bador et la canicule mortelle en Europe), un +4 degrés en France pourra se traduire par un 55 degrés à Metz.

Un  préambule sur les données scientifiques a été amené et c’était pertinent.

Il faut parler de point de bascule(moment brusque, irréversible et sans moyen de retour en arrière) avec un effet non proportionnel de la dernière micro-action qui peut tout faire « péter ».

Il faut aussi parler de la boucle de rétroaction qui n’est pas linéaire d’un point A à un point N mais qui passe de A à B puis à C puis à F qui retourne à A. (exemple : chaleur ==> fonte des glaces ==> dégagement de CO² ==> chaleur ==> sécheresse ==> incendies ==> arbres dégagent du carbone ==> chaleur ==> dégel permafrost ==> CO² ), sans oublier le méthane plus dangereux que le CO². Il y a donc un « emballement du système Terre non lié à l’homme » mais que l’homme accélère. Car même si 35% des Français sont climato-sceptiques, il n’y a aucun désaccord scientifique sur le fait que l’augmentation des températures est liée à l’action humaine qui va créer des problèmes de société.

Pour rebondir sur l’exemple de Metz, 3 degrés en +, ce n’est pas un état stable.

Mais maintenant, que peut-on faire ?

Un premier triple constat :

** Problème de démocratie : empire de l’édition = livres scolaires + canaux d’information

** Problème d’éducation : l’école = 95% linéaire et 5% ouverture ; un fonctionnement en silos ; pas de place pour l’innovation de la réflexion et la rupture.

** Problème d’incompréhension « technique »: +4 degrés ne veut pas dire qu’on aura le climat de l’Espagne en Bretagne.

«  +3 degrés est un autre monde dont l’habitabilité se fracasse »

Quelles sont les ouvertures ?

** Faire des quotas de consommation : cf le budget prévisionnel pour ne pas dépasser +1.5 degrés est de 200 GigaWatt alors qu’en fait on part sur 850 GigaWatt de consommation.

** Des changements de pratique qui passent par le collectif.

** Le débat citoyen doit être accompagné du débat scientifique pour ajuster notre représentation du monde au réel !

** Posture de leadership d’une politique nationale qui serait écologique (rôle modèle).

** Penser à revenir au vivant (Cf 2% d’actifs en France liés à la nature) en faisant revenir les jeunes à la nature.

** Politiser les enjeux environnementaux et ne pas avoir seulement des exemples de héros.

** Revoir le politique, revoir la justice avec ces nouvelles données du réel à +4 degrés.

Dans le public, certaines questions ou remarques posaient question :

** « Accompagner le changement de monde, ça passe par le deuil, l’action mais un blocage majeur reste la culture de la compétition (ne pas faire, c’est laisser faire le concurrent). » et « Les gouvernements ne bougent pas ou proposent mais toujours pour revenir à un business-as-usual ». ==> Oui, comment parler de décroissance à un entrepreneur ?

** « On parle de 2100, mais je serai mort. Il faut faire peur en parlant de demain ». ==> Aïe : si on ne pense même pas à ses enfants, qui eux ne seront pas mort dans 75 ans, alors c’est que l’humain est particulièrement égoïste !

** Les budgets des collectivités : santé et sécurité (même dans des villes sans problème) pour plaire aux citoyens. ==> Eh oui, les politiques font du réel à partir de l’état social.

Dans les dernières minutes de la conférence, Nathanaël Wallenhorst a cité Valérie Masson – Delmotte, du GIEC : « Chaque 10ème de degré compte » pour éviter l’emballement.

La question de la fin « on arrête qui ? Quoi ? Quand ? », et la conclusion était une promesse : « C’est à nous de décider ! » et « Agir ensemble est encore possible. »

ECOPLAGE

une solution pour lutter contre l’érosion des plages et chauffer le réseau de la ville

En effet, ECOPLAGE permet à la ville Les Sables d’Olonne Agglomération de bénéficier d’Enerplage qui alimente le chauffage de certaines infrastructures (comme la piscine) grâce à la récupération de la chaleur de l’eau de mer (avec le système Ecolplage qui draine la plage pour éviter son érosion).
Dans cette station balnéaire vendéenne, la plage respire et la chaleur circule !
Belle expérience à exprimer en cette journée mondiale de l’énergie !
Arnaud Ballay
, tu pourras en parler l’année prochaine, « année de l’océan en France » : il y a de beaux sites à accompagner sur notre littoral !

Comme le dit le direction technique, depuis 1999, ECOPLAGE participe activement à la lutte contre l’érosion de la plage grâce à un système de drainage ingénieux. 

Mais saviez-vous que ce système est désormais transformé pour exploiter une ressource naturelle inestimable ?

Grâce à la thalassothermie, l’eau de mer est utilisée pour chauffer une partie de la ville, une initiative durable qui réduit notre empreinte carbone tout en continuant à protéger nos plages.

Ce projet ambitieux est mené en cotraitance avec le Bureau d’études TUAL et en collaboration avec ATLANTIQUE TRAVAUX PUBLICS, réunissant expertise et innovation pour répondre aux défis énergétiques et environnementaux d’aujourd’hui.

premier numéro de la gazette de l’association « pour l’écologie du livre »

📣 Le premier numéro de la gazette de l’association est en vente depuis une semaine en librairie !

Merci à David Snug pour cette affiche qui accompagne merveilleusement ce lancement, à Charlotte Delaître pour cette pétillante et réflexive maquette et aux positifs et encourageants retours eus depuis son impression… 🌞

Vous pouvez la retrouver au prix de 3 euros, en librairie ou sur commande !

co-édition avec les éditions Rue de l’échiquier et distribution assurée par HARMONIA MUNDI LIVRE

hackaton du numérique écoresponsable

Hackathon de l’éco conception du numérique à L’École de design Nantes Atlantique avec Comité 21 Grand Ouest et ADN Ouest, c’est reparti en 2024 !

Chat GPT versus bilan carbone

La communauté numérique alarme : l’empreinte carbone explose avec l’IA… On apprend que « les réseaux 5G sont 10 fois moins consommateurs en électricité » mais cela dépend des infrastructures et c’est sans compter sur l’augmentation des usages.

L’engouement avec ChatGPT ne va pas changer la donne… » le fait de simplement poser 25 à 50 questions à ChatGPT nécessite un demi-litre d’eau. »

L’article de Futura Sciences est glaçant, sans jeu de mots.

CONCORDANCE CONSEIL loire valeurs

CONCORDANCE CONSEIL forêt méthodes

écologie : un réchauffement annoncé et au rendez-vous

Pour réfléchir : le post de Pour un réveil écologique du mois dernier confirmait déjà ce qui vient d’être annoncé sur les prochains étés en France d’ici 2028… Ce sont nos enfants qui vont le vivre pleinement.

CONCORDANCE CONSEIL FORET NANTES

événement RUPTUR

Un atelier très intéressant, où les constats font place aux idées pour lever les freins au développement de l’équipement informatique reconditionné et aussi (et c’était attendu !) aux réflexions sur les pistes d’action !
merci RUPTUR pour cette organisation et merci à Keran pour l’accueil !
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Le regard de préhistoriens sur la division sexuée des rôles dans la société

Dans un article précédent, j’abordais la vision de Pascal Picq (« Et l’évolution créa la femme » aux éditions Odile Jacob). Dans un registre proche, bien que l’approche soit plus globale et retrace l’histoire de l’invisibilité de la femme, l’essai de Marylène Patou Mathis (« L’homme préhistorique est aussi une femme » aux éditions Allary) est intéressant.

Les évolutions depuis le Néolithique

Tout porte à croire en lisant Pascal Picq ou Marylène Patou Mathis que les violences internes aux groupes humains soient apparus avec la sédentarisation et au Néolithique**.

Je cite l’auteure : « Les premières traces de violences collectives semblent apparaître avec la sédentarisation des communautés, qui débute il y a environ 14000 ans, et augmenter au cours du Néolithique, période marquée par de nombreux changements environnementaux (réchauffement climatique), économiques (domestication des plantes et des animaux qui permet un surplus de denrées alimentaires – attesté par leur lieu de stockage), sociaux (apparition des élites et des castes et leur corollaire, la hiérarchisation et les inégalités) et de croyances (apparition de divinités et de lieux de culte). Cette violence pouvait être due à des facteurs multiples : situations paroxysmiques liées à une crise (démographique, politique, épidémiologique), rites sacrificiels (de fondation, propitiatoires ou expiatoires), motifs psychologiques (vengeance suite à une vexation ou une insulte, volonté de domination). On constate que les femmes et les enfants en seraient les principales victimes. »

A priori, ce que précise Marylène Patou Mathis, c’est que les connaissances actuelles sur le Paléolithique (antérieur au Néolithique) ne permettent pas de contredire l’idée de sociétés plutôt sans violences en interne et avec une place de l’humaine plutôt équilibrée : la femelle australopithèque par exemple peignait dans les cavernes (cf les mains négatives peintes et majoritairement féminines selon une étude de 2007 dans des grottes françaises et espagnoles), chassait (il est même évoqué la possibilité qu’elle courre devant la proie pour que le mâle tue). Plus tard, en Gaule, les femmes (sans enfant) accompagnaient les hommes à la chasse et à la guerre.

Au Paléolithique, les représentations rupestres montrent beaucoup de « femelle reproductive ». Il se peut que les humains de cette époque-là n’aient pas compris le rôle du mâle dans la reproduction. Il se peut aussi que les divinités principales soient féminines, comme l’attestent les mythologies de plusieurs continents. Dans tous les cas, « loin du tabou [de la nudité et du sexe féminin], les « artistes » du Paléolithique supérieur ont représenté non seulement le corps nu (féminin et masculin), mais aussi l’organe sexuel visible, la vulve et le phallus. » Et « quoi qu’il en soit, parmi les représentations anthropomorphes, les images féminines sont de loin les plus nombreuses et même les seules avant le Magdalénien » (entre -15000 et -13500 ans).

Le Paléolithique n’était pas non plus l’Eden perdu ! Il y avait des échanges de femmes et de jeunes, à priori, pour « sceller des alliances entre groupes, alliances nécessaires à la survie de ces petites communautés dispersées sur de vastes territoires. »

Les projections avec la religion

Tout porte à croire en lisant ces deux anthropologues que les religions monothéistes ont posé les bases de cette coercition de la femme dans la société humaine.

Marylène Patou Mathis explique que c’est la religion juive qui a « détroné » Marie (une vierge ! comme pour les humains préhistoriques) en la rendant femme et non divinité. Idem pour le concept du péché originel d’Eve ! L’homme aurait donc inventé un Dieu invisible et tout puissant pour remplacer des divinités féminines et « réelles ».

Le rôle de la religion n’est pas neutre, peu s’en faut. L’auteur rappelle que « dans la mythologie égyptienne, c’est un homme, Seth, qui commet le péché originel, et une femme, Isis, qui sauve l’humanité ; chez les Celtes, le monde terrestre est régi par un principe féminin omniprésent, Dana la déesse mère, dont les femmes sont les messagères auprès des hommes ». Et pourtant, la misogynie des traités de théologie morale chrétienne des XIVè et XVè siècles conduira à la persécution des « sorcières », qui fera en Europe des dizaines de milliers de victimes. … A partir du XVIIè siècle, le thème du péché cède le pas à celui de la « nature féminine » qui serait déraisonnable (dénuée de raison), voire « immorale ».

Même la science s’y est mise ! Déjà, les premiers dictionnaires martèlent la différence entre homme et femme. Dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert de 1750, « sexe » ne concerne que la femme. Au début du XIXè siècle, Maryse Patou Mathis rappelle qu’« elles sont plus nombreuses que les hommes dans les espaces réservés aux fous dans les hôpitaux ». Le passage sur les expériences de mesures du cerveau des femmes est hallucinant. Au milieu du XIXè siècle, des scientifiques démontrent que le cerveau féminin est moins volumineux et moins lourd, preuve pour eux que la femme est inférieure car moins intelligente. Il faut attendre la fin du siècle pour que M. Manouvrier montre que la différence de cerveau est liée à la différence de taille des individus ! Et il sera mis au banc de ses pairs à l’Académie de médecine !

La perception des différences essentielles

Tout porte à croire aussi que la notion de la perception du sang est au cœur de la séparation des tâches dans le groupe et la répartition des tâches : la femelle donne vie et perd du sang, le mâle prend la vie et verse le sang. D’où un partage dans la chasse avec les armes contendantes pour les mâles et les massues pour les femelles.

On voit là le problème de l’interprétation qu’évoquait déjà Pascal Picq. Les scientifiques qui ont étudié la préhistoire étaient des hommes jusque dans les années 1970. Peu de femmes portaient leur voix sur ces recherches. Et certaines paléontologues étaient inversement trop féministes ou « gyné-morphiques » versus l’androcentrisme trop pratiqué par les collègues et qui amènent aux théories d’un matriarcat originel ?!!! On se souvient de ces squelettes nommés « guerriers » parce qu’entourés d’armes et que les analyses ADN ont renommés « guerrières ». On peut rappeler aussi le classement de « femmes robustes » dans la case des hommes à la seule analyse du squelette. Selon les dernières recherches, « peu de tâches sont basées sur la force physique, en réalité, presque toutes les tâches de la préhistoire requièrent des compétences possédées de façon équivalente par les sexes ». Marylène Patou Mathis rappelle que Darwin l’avait déjà noté : « chez tous les peuples barbares, les femmes sont forcées de travailler au moins aussi laborieusement que les hommes ». Comment ne pas réaliser les déplacements lors des migrations saisonnières, les distances parcourues pour la cueillette, le ramassage du bois, la recherche de l’eau. « La chasse induit l’existence au sein des communautés de relations d’entraide (partage, coopération, solidarité), mais aussi de complémentarité entre individus ».

Du lien avec les migrations pour la propagation de l’androcène

L’histoire des migrations et de la colonisation peut faire penser à cela aussi : de nombreuses sociétés indiennes étaient matrilocales et les tâches étaient bien réparties mais la violence n’avait pas lieu dans le groupe. Les sociétés patriarcales sont arrivées et ont exterminées ces sociétés plus pacifiques. On retrouve ce phénomène sur d’autres continents. Et cela rappelle ce que précisait Pascal Picq avec le rappel du calendrier des migrations en Europe, liées aux glaciations.

En lisant ces scientifiques avertis, nous pouvons tabler que d’autres paléontologues étudient bientôt les civilisations d’autres continents que l’Europe, qu’ils reviennent en Afrique, berceau de l’humanité, qu’ils s’inspirent des cultures du Nord où les femmes étaient des guerrières aussi, des cultures amérindiennes où les tribus étaient matriarcales, des peuples asiatiques avec les Amazones. Il faut repenser l’Histoire en laissant le féminin prend la place qu’il avait et non celle qu’on souhaite lui donner aujourd’hui, tout empêtrés que nous sommes dans nos aprioris et notre culture !

Mais il est crucial de se reposer cette question : si la coercition envers les femmes est plus liée à une éducation et une emprise sociétale plus qu’à un déterminisme naturel, « le patriarcat est un système social qui opprime les femmes […et] aliène aussi les hommes en faisant peser sur eux « l’obligation de la force, le combat, la puissance ». » Il faut sortir de nos préjugés et imaginer un équilibre vertueux pour nos enfants.


** : le Paléolithique (l’âge de la pierre taillée) s’étend jusqu’à -9600 ans (Mésolithique, période de transition) et le Néolithique (l’âge de la pierre polie) démarre en -6000 ans et se termine vers -2200 ans à l’âge de bronze.